Deviens qui tu es en créant

Petit manuel d’expression créatrice à l’usage de tous pour mieux vivre,

Éditions Fernand Lanore, Paris, 06 mai 2021

Vivre ou survivre, tel est peut-être aujourd’hui le choix le plus difficile que nous ayons à faire. En effet, le monde en mutation dans lequel nous vivons actuellement est indiscutablement un monde rationnel et techniciste qui ne laisse plus beaucoup de place à l’expression du vivant. Consécutivement, il est source d’a-liénation, en tant qu’il favorise une dislocation voire une coupure des liens humains, aussi bien les liens intrasubjectifs que les liens intersubjectifs ou interpersonnels. Or, c’est en étant en contact et en relation avec soi-même et avec les autres que l’on peut vivre pleinement et non survivre. Plus encore, c’est par les liens que nous tissons, avec nous-mêmes et avec les autres, que nous pouvons apprendre à nous connaître, à essayer de nous réaliser et à aller vers une forme d’accomplissement de soi. Sur un autre plan, ce monde aseptisé dans lequel nous évoluons nous contraint consciemment et inconsciemment à nous censurer, à réduire nos possibilités d’expression émotionnelle ainsi que nos capacités d’imagination et de création. Enfin, par les pertes de repères engendrées par l’accélération du temps et les normes technicistes, nous faisons face à une véritable perte de notre énergie vitale, ce qui nous réduit le plus souvent à « gagner notre vie pour ne pas la perdre » plutôt que de la vivre le mieux possible.

Il est donc urgent, pour celles et ceux qui veulent véritablement vivre, de se reconnecter à notre élan vital, ce processus unique qui est présent chez chacun de nous. Mais encore faut-il pour cela le vouloir vraiment, le désirer – ne plus vouloir survivre mais vraiment vivre sa vie en étant à l’écoute de nos sens, nos émotions, nos croyances, nos capacités, nos valeurs… En d’autres termes, si nous souhaitons réellement nous relier à la vie, cela ne dépend que de nous et pour pouvoir véritablement nous reconnecter à notre élan vital et en jouir pour mieux vivre, il est nécessaire de travailler sur les problématiques que nous pouvons tous rencontrer à un moment ou un autre de notre vie : s’éparpiller, avoir des difficultés à être centré et à faire des choix en pleine conscience, se laisser déborder par nos émotions négatives, manquer de confiance en soi, avoir une faible estime de soi, se raccrocher au passé et/ou ne pas chercher de nouvelles perspectives à cause de peurs infondées… Or, pour nous débarrasser de ce qui nous enferme et nous encombre, et pour pouvoir tendre vers notre véritable soi, nous allons voir dans les lignes qui suivent que la meilleure des manières pour y arriver est d’apprendre à exprimer notre créativité en entrant dans un processus de création artistique.

Mais pourquoi et en quoi l’expression de notre créativité, le processus de création et l’acte de créer peuvent-ils nous permettre de retrouver l’énergie vitale et le goût de vivre, tout en nous donnant la possibilité de mieux nous connaître, d’aller vers soi et tendre vers une forme d’accomplissement ? En premier lieu, il est fondamental de comprendre que depuis toujours, l’Homme a cherché à créer et à exprimer sa créativité. Au Paléolithique, les Hommes créaient dans les grottes à l’abri de la lumière naturelle puis au néolithique, ils ont élargi leur champ créatif en extérieur, en sculptant les rochers et en créant des cairns, ces empilements de pierres. Pour la majorité des archéologues et des préhistoriens, ces créations étaient porteuses d’une fonction religieuse - dans le sens où elles permettaient aux hommes d’être en lien, de se « relier » -, mais aussi d’une fonction sociale – transmettre un message, une connaissance, un savoir et laisser une trace – et d’une fonction thérapeutique – dans le sens où elles étaient l’expression d’une esthétique des émotions telles que la peur, l’angoisse, la joie, la tristesse, l’allégresse… Plus tard, dans l’Antiquité grecque, Aristote a démontré que la création artistique était la plus ancienne des activités culturelles de l’Homme car elle seule pouvait nous donner la possibilité de nous définir et elle seule pouvait nous permettre de réellement développer et renforcer les liens avec soi-même et avec les autres. Élément central dans ce que nous sommes, l’art est un langage universel qui permet à chacun de nous de communiquer nos émotions et nos expériences. En ce sens, l’expression de la créativité et le processus de création artistique représentent des outils uniques pour explorer différentes sortes de réalités, différents niveaux de conscience et différentes formes de vie.

Depuis toujours l’homme a créé et l’art est consubstantiel à l’être humain. En nous donnant la possibilité de multiplier les supports d’expression psychique, l’art engage notre cerveau totalement et ce, sans avoir l’obligation de passer par l’oralité. Or, lorsqu’on sait toute la difficulté que nous pouvons éprouver à mettre des mots sur des émotions, des souffrances ou encore des conflits intérieurs qui sont par nature éminemment subjectifs et abstraits, on comprend alors mieux pourquoi l’expression de la créativité et l’acte de créer sont particulièrement opérants pour nous définir, nous découvrir et nous connaître. Mais il est important à ce sujet de préciser un point fondamental. Contrairement à certaines idées reçues, ce n’est ni l’art, ni la création finie ou l’objet créé en tant que tels qui offrent ce « soin ». Le « soin » en question réside uniquement dans le processus de création et dans ce qu’il suscite : l’imaginaire et l’imagination, la créativité primaire et secondaire, et la mise en forme de cette créativité – à savoir le processus de création. Rappelons d’ailleurs à ce sujet que la notion de processus renvoie de facto à celle d’élan vital. En effet, à partir du moment où il y a processus, il existe une potentialité de faire des choix, de s’exprimer et de se libérer. Cette possibilité de nous relier à notre processus vital implique qu’il est alors possible de faire l’expérience de notre liberté au-delà de l’organisation pulsionnelle et des conditionnements liés au comportement. Or, le processus de création est précisément un processus de vie qui nous donne l’opportunité de nous relier à notre élan vital car lui seul peut nous permettre, grâce à la matière artistique - l’argile, la peinture, le dessin, la musique, la danse mais aussi les formes, les sons, les mouvements -, de nous recontacter à nos sensations et à nos émotions. Enfin, le processus de création et l’acte de créer nous donnent l’opportunité unique de rendre conscient ce qui ne l’est pas, de révéler la profondeur de nos affects et l’intensité des émotions, et de lever nos refoulements. En dernière instance, il nous informe sur notre propre dynamique de fonctionnement.

Présentation de l’éditeur

Le monde en mutation dans lequel nous évoluons actuellement ne laisse plus beaucoup de place à l’expression du vivant. Il nous contraint à nous censurer, à réduire nos capacités d’imagination, d’expression et de création. Dans ce monde techniciste et ultra-normé, nous faisons face à une perte de notre énergie vitale, ce qui nous pousse à survivre plutôt qu’à vivre. Or, la manière la plus opérante pour retrouver l’élan vital consiste à exprimer notre créativité et entrer dans l’acte de créer. C’est ce que propose ce manuel théorico-pratique qui montre comment en réveillant notre potentiel créatif, nous pouvons concomitamment nous reconnecter à notre imaginaire, explorer d’autres niveaux de conscience, reprendre contact avec l’instant présent, revisiter nos croyances, favoriser de nouvelles perceptions et redevenir véritablement sujet.

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Sur le site des éditions Fernand Lanore

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